vendredi, avril 13, 2007

La journée du cochon

Par Jacques Rancourt
Au pays des souvenirs
Mes autres poèmes

La journée du cochon

On l’attendait cette journée
C’était une journée d’épouvante
Les émotions au maximum
L’annuel meurtre du cochon

Déjà l’échelle posée sur le hangar
On devait y suspendre par les pattes
L’infortuné cochon à abattre
Déjà la poêle attendait son précieux sang

Déjà je voyais Florence le faire bouillir
Déjà je voyais les tripes recevoir ce sang
Déjà je me voyais manger ce boudin
Bon sang quel spectacle d’horreur

Le tueur du village arrivait tôt
Son couteau brillait dans la neige
Un coup bien précis droit au cœur
Le cochon crachait son sang dans la poêle

On le fendait au beau milieu
On voyait tout son intérieur
Suspendu à l’échelle ainsi exposé
Quel carnage animalier par nécessité

C’était la journée la plus triste de l’hiver
J’adorais le cochon et son grognement
Je me rappelais mes balades sur son dos
Je me rappelais ainsi les taloches de ma mère

Je pouvais le regarder des heures durant
J’essayais de découvrir son monde intérieur
Je lui donnais des pelures de patates à manger
Je voyais son museau faire des chemins dans la vase

Quelle triste fin pour mon compagnon
Quelle triste destinée inévitable
Je pleure sa perte
Qui me consolera