lundi, janvier 08, 2007

Le Père Noël questionne dans une grotte

Par Jacques Rancourt
48e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
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Je suis le Père Noël
Je ne suis pas un vampire
Je ne suis pas une fée
Je ne suis pas un loup-garou
Je suis un simple boulanger à Copenhague

Qui peut prouver que je n’existe pas
Qui peut prouver que Dieu existe ou n’existe pas
Je décide de faire sortir Dieu du placard
Je vais le confronter en solitaire dans une grotte
Je me tiens et je lui tiens ce célèbre discours

Oh Dieu ! Montre-toi
Pourquoi te caches-tu
Oh quelle discrétion divine
Oh quelle délicatesse surnaturelle

Pourquoi me priver
Du plus admirable
Du plus beau
Du plus étonnant
Du plus éblouissant
Des spectacles

Celui de contempler ta personne
Ton auguste
Ta charmante
Ta sainte face

Montre-toi
Décache-toi
Apparais
Sois visible

Ah tes athées seraient confondus
Ah tes agnostiques seraient désemparés
Ah tes nihilistes seraient au désarroi
Arrête de jouer à cache-cache

Ta bête humaine se cache
Quand elle a peur
Quand elle a honte
Quand elle a mauvaise conscience
Un tout-puissant n’a pas peur
Un infiniment parfait n’a pas honte

Te caches-tu
Pour me faire la surprise
Pour m’amuser
Pour jouer avec ma détresse

Tu te dis invisible
Tu te dis ubiquitaire
Tu te dis la lumière du monde
Tu me laisses sans la vision béatifique

Délivre-moi de la prison de l’ignorance
Lève le voile sur ton saint mystère
Sors de ton incognito
Sors simplement du placard

Je restai trois jours et trois nuits
À discourir
À ergoter
À supplier
À vociférer

Pas de réponse
Le vide total
Le néant absolu
Un total et absolu
Silence divin
Divinement silencieux

À l’aube
Je retournai à ma divine boulangerie
Je pétris ma divine farine
Je mis à cuire mon pain divin
J’humai une divine odeur
Je grignotai une miche divine
Je retournai embrasser ma Danoise divine
Je réalisai la sottise de mon questionnement
Je réalisai que seul compte l’humain concret
Je réalisai que seul compte ma famille, ma boulangerie