samedi, décembre 02, 2006

Le Père Noël brûlé par la douleur

Par Jacques Rancourt
23e péripétie de la saga humoristique pour adultes avertis
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23e rappel : Toute ressemblance avec le vrai Père Noël est le fruit de votre imagination. Le Père Noël se comporte comme un fugitif. Il s'installe dans le plus total dénuement. Qu'apprendra-t-il de tout cela? Il est évident qu'il souffre. Le mot calvaire n'est pas assez fort dans son cas. A-t-il décidé de vivre dans sa chair les souffrances de l'humanité? Cherche-t-il ainsi une sorte de rédemption planétaire?

Le Père Noël
brûlé par la douleur

Je suis de moins en moins le Père Noël
Je me tiens caché à quelque part
Je suis en pleine crise d’identité
Je cherche et je me cherche

Je ne marche plus dans le sentier
Je marche dans les champs et la forêt
J’évite les humains
Je les fuis comme la peste

J’ai vu ce qu’ils font au Darfour
J’ai vu ce qu’ils font en Irak
J’ai vu ce qu’ils font en Afghanistan
J’ai vu ce qu’ils font en Israël et en Palestine

J’ai donné mes vêtements à un pauvre gueux
Je n’ai gardé qu’une ceinture pour couvrir ma nudité
Je n’ai conservé qu’un petit manteau couleur de terre
Je ne vais plus dans les gîtes et je mendie pour survivre

Je ne mange qu’une fois par jour
Je ne mange jamais rien de cuit
Je n’ai plus de bedaine
Je suis d’une grande maigreur

J’ai des yeux agrandis qui ont des visions
J’ai des doigts amincis avec des ongles démesurés
J’ai une barbe encore plus longue et ébouriffée
Je me tiens loin des gens sauf pour mendier

J’ai le souvenir de marchands qui trafiquent
J’ai le souvenir de personnes en deuil qui pleurent
J’ai le souvenir d’infirmières qui soignent des malades
J’ai le souvenir de prêtres qui disent des messes

J’ai le souvenir des amants qui s’aiment
J’ai le souvenir des mères qui donnent le sein
J’ai le souvenir des informaticiens qui programment
J’ai le souvenir des artistes qui chantent

Je garde un goût amer du monde
Je subis une vie de torture
Je vide mon cœur de tout son contenu
Je n’ai plus d’aspirations, de désirs

Je n’ai plus de rêves, de joies
Je n’ai que de la souffrance
Je veux mourir à moi-même
Je ne veux plus être moi

Je cherche la paix
Je cherche la sainte paix
Je ne suis plus le Père Noël
Je suis un jacquaire brûlé par la douleur

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Le Père Noël en route vers Compostelle pour se refaire une âme, puis on assiste plutôt à une déroute totale! Une négation et dénégation absolues de tout son passé! Santa Claus a craqué! Il ne s'habille presque plus, ne mange presque plus, ne rencontre plus ses semblables, etc. À force de voir les souffrances et les malheurs des humains, il est devenu une plaie vive, une douleur ambulante, bref une épave! Il dérive, il divague presque, tantôt, il aura des visions! Qui sait...deviendra-t-il un nouveau Nostradamus? Un prophète? Un anachorète? Quelle histoire! On est hameçonné et on veut en connaître la fin...

Pibette a dit...

Père Noël, Cher Père Noël,

Il y a de par le monde mille souffrances, mille raisons de ne plus vouloir avancer, de ne plus vouloir y croire, de ne plus vouloir y voir.

Cependant Père Noël, il n'existe qu'un seul rêve d'enfant, qu'un seul plaisir à l'approche du mauvais temps, qu'un seul endroit où réchauffer son coeur, qu'une seule aspiration en cette triste saison.

Que serait notre vie d'enfant, petit ou grand, si on ne t'avait pour nous motiver à être bons, à être sages, à montrer dévotion à nos parents, et savoir partager avec son voisin peut-être moins chanceux.

Je me souviens de toi Père Noël, qui quand j'étais enfant m'apportait une orange et un ballotin de crottes en chocolat. Pour moi, ta grosse voix me disant que tu me les offrais parce que j'avais été un enfant méritant était bien plus que mon orange, que je mangeais d'ailleurs bien vite et devant toi, pour te prouver ma bonne foi.

Père Noël, Cher Père Noël, si le monde ne tourne pas rond, tu le rends plus coloré, d'ailleurs on met des guirlandes à nos fenêtres pour fêter ton approche, on laisse quelques biscuits près du feu à ton attention, souvent un coussin moelleux pour que tu puisses te reposer un peu. C'est le début d'une générosité, ne crois-tu pas ?

Il y a beaucoup d'enfants malheureux de par le monde, beaucoup d'enfants tristes et qui aimeraient bien te revoir. Ils rieront et crieront de joie en te voyant, et ça, ça n'a pas de prix...

Et puis Père Noël ? ... ils s'en fichent, les enfants, que tu aies de beaux habits ou pas, ils ne les voient pas. Mais s'ils ne te voient pas, toi, alors tout le monde sera triste, comme toi aujourd'hui.